Yves Saint Laurent disait que « la mode doit descendre dans la rue »… Aujourd’hui, c’est plutôt la rue qui monte sur le podium, puisqu’on découvre en vitrine des boutiques de luxe des articles pas comme les autres : survêtements, baskets, casquettes et autres éléments de « streetwear » s’associent avec une curieuse évidence aux manteaux en laine et autres sacs en croco… Analyse d’un phénomène qui gagne du terrain.

Le crocodile de Lacoste justement, mais aussi le trèfle d’Adidas, ainsi que le logo rouge et blanc de la marque de skate Supreme squattent insolemment les défilés et les campagnes des créateurs les plus pointus et des marques les plus chères. La mode se serait-elle mis la tête à l’envers ?

#TB Années 90

Un petit retour en arrière s’impose (pour celles qui ne sont pas assez vieilles pour s’en souvenir J.) Durant les années 90, le mur de Berlin était tombé, mais la mode avait encore le sien, celui séparant les marques de luxe des marques de streetwear. Ce fossé entre l’avenue Montaigne et le skatepark, entre la ville et la banlieue, les marques de luxe étaient terrorisées de le voir franchi, surtout par des licences d’accessoires (porte-clés, portefeuilles, cravates…) qui pouvaient se retrouver entre de « mauvaises » mains : Lacoste avait eu notamment à gérer ce grand écart entre une image voulue très BCBG et ses produits « dérivés » par la culture de rue et sa musique. Les clips et les paroles de rap faisaient en effet apparaître des marques de skate et de sport auxquelles étaient vouées un culte du logo presque fétichiste et porté en « all over » : Fila, Kappa, Champion, Adidas… Qui n’a pas croisé dans ces années-là un total look survet-casquette-basket lève le doigt J.

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